A Santiago, la capitale du Chili, un prêtre français installé dans le pays depuis plus de trente ans vient en aide aux plus pauvres, frappés pas les restrictions dues à l’épidémie de Covid-19.
La nuit est déjà tombée. Le thermomètre n’affiche pas plus de 8 degrés en cette fin du mois de juillet. Confinement oblige, aucune activité n’a eu lieu depuis fin mars à la paroisse San Cayetano, en plein quartier de La Legua, l’un des plus pauvres de Santiago. Pourtant, une douce odeur de sauce à la viande doucement mijotée s’échappe des locaux. Dans l’exiguë cuisine, Leontina, 76 ans, s’affaire depuis le milieu de l’après-midi. Trois soirs par semaine, elle vient préparer le repas pour les sans-abri du quartier. "Je cuisine comme pour ma propre famille", lance cette grand-mère. Sa fille, Jacqueline, son gendre, Eduardo, et leur propre fille, Nicole, vont bientôt débuter la distribution, assistés de leur amie Carola.
Le 17 mai dernier, le président Sébastian Pinera annonçait la distribution de 2,5 millions de colis alimentaires aux familles les plus vulnérables du pays, en cette période de crise sanitaire et économique. Plus de deux mois plus tard, les 25 000 habitants de cette commune tristement connue pour le trafic de drogue et la violence qui y règnent, où le chômage a grimpé en flèche depuis deux mois, n’ont encore rien reçu. "Dès la première nuit de confinement, on est venu sonner à ma porte pour me demander à manger. Ces demandes se sont multipliées. Nous nous sommes donc organisés", explique le père Gérard Ouisse, 55 ans de sacerdoce. Ce Nantais d’origine vit à Santiago depuis 34 ans. Depuis sa maison aux murs peints de rouge, au cœur du quartier, il ne cesse d’animer les solidarités.
"Le prêtre Gerardo, comme on l’appelle ici, est un homme remarquable, parfaitement immergé dans son quartier. Ses habitants sont devenus sa famille", décrit Denis, lui aussi Français, ancien chef d’entreprise, avec qui il partage 19 ans d’amitié. "C’est notre soleil", sourit Jacqueline.
"Avant la pandémie, nous organisions déjà des soupes populaires au sein de la paroisse quatre jours par semaine, reprend le père Gérard. Mais depuis l’arrivée du Covid-19, on est passé à une autre échelle".
En effet, ce ne sont plus 120 personnes qui sont accueillies à table mais des milliers que la paroisse aide à se nourrir. À l’entrée de la salle commune, des cartons s’alignent : riz, haricots secs, farine, huile, thé… de quoi nourrir une famille pour une semaine. Depuis le début du confinement, la paroisse en a distribué plus de 400. Des soupes populaires sont également organisées. "La solidarité d’autres habitants de Santiago nous permet de servir 8 000 à 9 000 repas par mois, distribués par 8 équipes différentes réparties dans La Legua", se réjouit le prêtre.
La famille de Léontine est l’une de ces équipes. Vers 19 heures, le repas du jour est prêt. Premier arrêt place Salvador-Allende, juste en face de l’église principale de la paroisse. Allongés sur des matelas défoncés, Carola et Fabian, dont la tête dépasse à peine des couvertures, auront de quoi dîner chaud ce soir.
De places en ruelles, de tente en cabanes, la tournée se poursuit ainsi jusqu’à épuisement des stocks, vers 21 h 30. Juste à temps pour cette famille de regagner son foyer avant 22 heures, heure du couvre-feu, en vigueur à Santiago depuis le 26 mars. Pour eux, distribuer des repas chauds est une façon de lutter contre les inégalités criantes qui règnent au Chili et qui ont donné lieu à un soulèvement populaire historique depuis octobre 2019. Suite aux manifestations, le président Chilien a promis un référendum, pour ou contre une nouvelle Constitution. L’actuelle date de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet. Le vote devait avoir lieu fin avril, mais suite au Covid-19, il a été repoussé au 25 octobre.
August 02, 2020 at 08:15PM
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Chili. Ce prêtre français qui vient en aide aux damnés du Covid - nrpyrenees.fr
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sauce chili
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